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chameaux pour que les gens des Landes montent dessus et ne se fatiguent plus à courir les sables sur des échasses… » Voilà l’instruction que le ministère adressait au conquérant.

L’armée n’était pas contente. Un des écrivains qui prétendent qu’elle n’obéissait « … qu’à ces sentiments de gloire et d’honneur qui sont si puissants sur l’esprit français et qui ont toujours été le principal mobile de nos conquêtes… », Galibert, ne peut s’empêcher de le constater :


« Les projets de distribution avaient circulé dans l’armée, et comme ils ne se réalisaient pas, de sourdes rumeurs s’élevèrent contre le général en chef et les habitants de la Kasbah. La mauvaise humeur des militaires dont les espérances avaient été déçues les disposait au soupçon ; beaucoup de ceux qui campaient hors des murs d’Alger s’imaginaient qu’une pluie d’or tombait sur les hôtes du quartier général et, dans les lettres qu’ils écrivaient en France, ils faisaient part à leurs parents, à leurs amis, de leurs craintes, de leurs suppositions. »


C’est bien cela qui rendit populaire la guerre d’Afrique. « Il y a de la goutte à boire là-haut ! » dit la sonnerie de la charge. Il y avait de la goutte à boire en Afrique. Pour tout le monde. Pour le militaire. Pour le civil. Pour le soldat. Pour le colon. Fortune. Mirage. Hélas ! voulez-vous savoir quel est le premier Français qui fit faillite ? C’est un restaurateur qui, après avoir fait quelques mois de crédit aux frères d’armes victorieux, sur ses fourneaux, dans ses casseroles, déposa son tablier et son bilan. Son histoire est aux archives du consulat général, lequel fonctionna pendant les premiers temps de l’occupation.

Et, si vous croyez que j’exagère l’idée « affaire » dans la conquête, méditez ceci, que Rovigo deman-