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de la pensée française, arbitres naturels, nécessaires, du conflit qui met fatalement aux prises la colonisation européenne avec les droits et les exigences de la race vaincue, le gouverneur général et ses délégués sont impuissants trop souvent à faire prévaloir les exigences de l’intérêt général, les vues de la politique nationale, l’idée de justice et d’humanité, idée maîtresse de notre colonisation.

« Et, messieurs, ceci est grave. Sans doute les colons sont guidés par des préoccupations légitimes, respectables ; mais leur horizon est forcément borné, et remettre entre les mains de leurs élus le sort des 3.500.000 indigènes qui peuplent l’Algérie, c’est exposer ces derniers à des dénis de justice, à une sorte d’exploitation, je dois dire le mot, qui pour s’abriter derrière des textes de loi n’en est pas moins profondément immorale et de nature à retarder, sinon à compromettre l’expansion de notre influence… »


C’était dire on ne saurait mieux, Monsieur, et certes, il vous fallait pour cela du courage… Nous autres, quand nous parlons de ces choses, de la moralité en matière politique, les gens qui vivent de l’immoralité nous condamnent dédaigneusement ; nous sommes des dilettantes. Vous avez échappé à ce reproche, car vous saviez compter et, disant le résultat de vos calculs, montrer en quel gaspillage algérien allaient et les impôts indigènes et nos subventions métropolitaines.


« Je voudrais, disiez-vous, pouvoir faire sortir de la poussière où ils sommeillent les rapports des inspecteurs des finances rédigés dans ces dernières années…

« On les refuse généralement à la commission du budget, mais on ne les refuse pas au chef du service de l’Algérie. J’ai eu l’honneur de diriger pendant quelques années ce service ; j’ai lu ces rapports et je me suis toujours étonné qu’ils ne servissent à rien…

« Il y a des dépenses inutiles, messieurs, des dépenses irré-