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tout… celle qui fait les votes, les décrets, celle qui met en marche les armées, c’est toujours la petite affaire, la petite combinaison de quelques intrigants ; et dans cette petite affaire, dans cette petite combinaison, chez tous les peuples, chez tous les gouvernements, depuis un siècle il y a du juif.

Pour la conquête d’Alger vous connaissez maintenant la combinaison Bacri. C’est ce que M. P. Leroy-Beaulieu appelle « les événements fortuits », M. Reclus la « force des choses », M. Rambaud « l’instinct sûr » de notre nation ; le clergé algérien « la vue providentielle », etc…, etc…

On savait en France, en 1830, que la conquête d’Algérie était une affaire. On n’en voulut point aussi longtemps que l’on crut que l’affaire n’intéressait qu’un petit groupe. L’armée n’en voulait pas. Le Parlement protestait. Les classes libérales n’étaient pas contentes. Le peuple demandait qu’on lui « fichât » la paix. J’ai lu les journaux et les brochures du temps, les débats du Parlement, des corps savants… etc… tout ce en quoi nous pouvons chercher le caractère de l’opinion d’une époque. Ce fut exactement ce que vous savez pour le Tonkin, pour la Tunisie, pour Madagascar. On voit l’affaire de quelques-uns, d’un groupe, et tout le monde proteste… sauf le groupe, naturellement… puis, suivant que l’affaire s’étend, s’élargit, fait tache d’huile, que le nombre des intéressés — d’une façon quelconque — augmente, le nombre des protestations diminue. La popularité suit l’impopularité sans nul souci de l’intérêt du pays. Les intérêts peuvent être satisfaits aux dépens ou au bénéfice du pays, cela n’est point la question. Il y a là un phénomène social dont les phases mathématiquement s’enchaînent.

C’est l’action militaire qui frappa tout d’abord le