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il lui reste dû environ quatre mille cinq cents piastres, si je ne me trompe ; faites-en sorte qu’il les lui envoie en toute célérité ; non seulement je lui ai rendu service, mais il faudra encore que je paie pour lui ; si j’étais à mon aise, je lui ferais cette avance.

« Quant à Michel, soyez sûr qu’il ne sortira pas de Paris que je ne m’y sois rendu pour régler nos comptes d’Alger et terminer mon compte avec lui pour alors aller où bon lui semblera si le gouvernement le lui permet.

« Moi je suis venu ici sans passeport. Car, si j’étais allé pour prendre un passeport, on ne m’aurait pas laissé partir.

« Ô Abraham, si vous pouvez porter Nephtali à lui faire écrire une lettre par notre maître (le dey) au petit (Bonaparte) où il lui dira que l’argent réclamé par Bacri et Busnach est à lui, et qu’il le prie de le faire payer à cause de lui, et de plus qu’il n’approuve pas le premier à-compte qu’il nous a donné sur l’argent du navire et qu’il ait à nous satisfaire entièrement pour l’amour de lui. Si l’on peut avoir une lettre en ces termes on sera sûr de recevoir, et alors nous pourrons contenter les gens d’Alger sur le reste de leurs intérêts et de leurs bénéfices.

« Vous prendrez, vous et les autres, et malgré cela il restera encore beaucoup.

« Quoi qu’il ne doive vous en rien coûter, dites-leur que, s’ils attendent de recevoir par eux-mêmes, par l’entremise de notre maître (le dey) ou par celle d’autrui, j’en jure par notre prophète Moïse qu’ils ne retireront pis un sol ; car, si le Boiteux n’était pas dans ma main, je ne compterais ni sur la lettre de mon maître, ni sur aucune autre chose, parce que le Petit n’aime pas qu’il lui soit rien demandé avec force, mais il veut que les demandes soient présentées avec douceur.

« Je vous promets que je ne demeurerai pas deux mois à Paris et que je me rendrai à Marseille, que j’aie reçu l’argent ou non.

« Vous pouvez engager Nephtali en mon nom pour qu’il me fasse cette faveur ; que, s’ils prennent d’autres moyens, l’affaire de la nation française ira tout de travers… »

« Marseille, le 5 juillet 1801
par la voie d’Alicante et de Mayorque.
« À mon honorable frère Abraham Cohen Bacri.

« J’ai reçu vos deux chères lettres, desquelles j’ai appris