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ayant le génie d’un Michelet — pâlissent devant la lumière qui sort de telles pièces.


« Livourne, le 12 décembre 1803.
« À mon honorable frère Abraham Cohen Bacri.

« Le motif de ces lignes est pour vous faire savoir que j’ai vu par les lettres que vous m’avez écrites par l’entremise de Simon Cohen, que vous augmentiez mes peines en vous livrant à la crainte au sujet de votre argent, quoique vous ne deviez avoir aucun soupçon sous ce rapport, attendu que l’énorme somme que la nation française nous doit est suffisante pour vous satisfaire, vous et bien d’autres, et pour vous laisser un bon solde. Quant à mon compte avec ma maison et Busnach, leur capital est rentré dans leurs caisses, et s’il leur reste encore à recevoir, c’est bien peu de chose relativement à tout ce qui nous reste chez la nation (française). Pour ce qui est des intérêts je me rends à Paris, et je leur enverrai de là-bas leur compte arrêté net… Vous pouvez être certain que je ne vous ferai pas perdre votre bien, et vous l’aurez avec intérêt.

« Répondez promptement à cette lettre, afin que je sache comment je dois me régler.

« Si vous me demandez combien il reste dû par la nation, je vous apprendrai qu’elle nous reste devoir sept millions. Le Boiteux (par Boiteux Jacob Bacri désigne Talleyrand) qui est intéressé à la chose s’est donné beaucoup de mouvement pour avoir une lettre de notre maître (le dey) pour terminer l’affaire, tandis que la famille l’a abandonnée en nous écrivant de quitter, de laisser toute chose, en disant qu’elle ne demande rien !…

« J’ai reconnu maintenant son intention qui est de nous faire quitter pour se présenter et recevoir toute seule… Comment ! moi qui ai éprouvé tout le désagrément pour les recouvrer je les lui abandonnerais pour les lui laisser à elle seule ? C’est ce qu’elle ne verra pas, car je les recevrai moi-même, ou bien je m’arrangerai avec elle pour en prendre ce que je pourrai. Voici une lettre que vous remettrez à Nathan et une autre pour mon fils Joseph.

« Quant à votre affaire, vous pouvez être fort tranquille ; écrivez-moi avec soin et longuement, et faites-moi part de tout ce qui arrive ; ayez soin que Ben Salomon m’envoie le solde qu’il doit à Seguin, car Seguin s’en est prévalu sur moi ;