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« La pluie de boue écrasait la ligne de feu…

« — Une pluie de boue ?…

« — Oui, je l’ai reçue. Elle tombait aussi sur la mer. Et ça fouettait dur. Il y avait des gouttes aussi grosses que des morceaux de sucre.

« — Vous êtes resté longtemps dans l’eau ?

« — Oui, mais je n’avais pas de montre pour regarder l’heure. Et puis, j’avais très peur. J’ai atterri aux Abymes. J’y ai été recueilli par le Pouyer-Quertier. On m’a conduit à l’hôpital où j’ai vu mourir beaucoup de pauvres diables moins chanceux que moi. J’ai été guéri en treize jours.

« — Et, maintenant ?…,

« — Maintenant… je ne sais pas. On m’a dit qu’il n’y a plus rien au Prêcheur. Je suis ici. J’attends… Quoi ? Je l’ignore. Je suis sinistré. On me nourrit.

« — Et plus tard ?

« — Je ne sais pas non plus ! »

Et le pauvre garçon partit haussant les épaules dans un geste qui signifiait… tout ce que vous voudrez.


XIII

LES MARINS SUR RADE


Le « Roddam ». La « Gabrielle ». Le « Roraima ». Le cauchemar des voiliers.


La rade de Saint-Pierre, comme toujours à l’époque des grandes expéditions de sucre et de rhum, était couverte de navires.