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XI

LA JOURNÉE DU 8 À FORT-DE-FRANCE


Le récit du journal l’ « Opinion ».


Journaliste il est tout naturel que j’aie demandé à un journaliste le récit de la « journée terrible » et ce qu’elle avait été à Fort-de-France.

L’aimable directeur de l’Opinion m’a donné l’article dans lequel il a consigné ses souvenirs.

Le voici :


Le jeudi 8 mai 1902, Fort-de-France s’était réveillé comme à l’ordinaire. Une vague inquiétude planait sur la ville depuis l’enfouissement sous la lave de l’usine Guérin ; mais l’on se disait qu’après tout, l’éloignement du volcan, situé à 28 kilomètres à vol d’oiseau, constituait une garantie suffisante. Et puis, il faut l’avouer, on s’en remettait entièrement à la décision de la commission chargée d’étudier le processus du phénomène cosmique. D’ailleurs, la veille, M. le gouverneur Mouttet, avisé par le maire de Saint-Pierre que la Roxelane roulait des eaux noirâtres, s’était rendu sur les lieux. Mme Mouttet, qui avait tenu à accompagner son mari, avait été aussi à Saint-Pierre, ainsi que Mme Gerbault, la femme du regretté colonel d’artillerie, le président de la mission scientifique. D’autre part, des dépêches affichées au câble rassuraient encore, peut-être d’une façon trop absolue, la population légèrement apeurée des deux grandes villes de la colonie.

Il est pourtant une restriction à établir, M. Landes qui a, parait-il, au dernier moment, adressé au Gouverneur une dépêche très alarmante, avait déclaré à ses élèves, peu de