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Zulima nous a dit ensuite que tout ça « c’était bagaye pas bien ». Je crois qu’elle parlait aussi politique ; elle disait que ce n’était « pas non plus bien » que l’on n’eut pas réélu M. Duquesnay… que c’était la faute du gouverneur… « Et le volcan ? »

Je n’ose ajouter qu’elle a répondu : « c’est la faute de l’administration ». Mais elle l’a pensé. Elle m’a dit aussi que « les Américains sont de bien braves gens… oui bien braves… monsieur… »

Oh ! Zulima… !

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II

DEVANT LE VOLCAN


Sur rade de Saint-Pierre, au couchant.


La terre !… Il y a toujours, en fin du voyage, une impatience, un frémissement, quand on approche la terre. Les yeux scrutent, les lunettes fouillent l’horizon, cherchent entre le ciel et l’onde, là-bas, dans l’indécision des lointains, la tache un peu plus sombre qui, d’heure en heure, de mille en mille, se précisera, se dessinera, marquant le port…

Avec une impatience angoissée, dans une confusion de sentiments douloureux, nous cherchions à l’horizon la petite tache sombre qui, émergeant, grandissant, pointant, se devait éclairer des lueurs du volcan destructeur, pour nous montrer, au lieu du port accueillant et de ses joies, une ville morte, un cimetière et ses tristesses.