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XLV

L’ÉRUPTION DE LA MONTAGNE PELÉE EN 1851


Au cours de ce volume, j’ai eu l’occasion de parler de l’éruption de 1851 qui fut bénigne, et constituait, pour beaucoup de personnes, un précédent « optimiste », un précédent qui leur faisait nier le danger pourtant évident de l’éruption actuelle.

Voici, de l’éruption de 1831, la relation publiée dans le Bulletin officiel de 1852 :


Une tradition, sans fondement historique, il est vrai, puisqu’elle remonte au delà de l’établissement des Européens dans les îles, mais fortement imprimée dans les esprits, racontait que la Montagne Pelée avait été le siège d’un volcan. La forme conique de cette montagne, particulière à toutes celles où ce grand phénomène s’est manifesté, l’épithète de Pelée donnée à sa cime, l’existence en ce point d’un lac pouvant passer pour un ancien cratère, la nature ponceuse du terrain dans un rayonnement de plusieurs lieues, tout venait en aide à la tradition et entourait la montagne Pelée de ce respect que l’homme paye aux choses qui lui font peur. On savait aussi que dans l’une des gorges de cette montagne, il y avait un lieu où l’on trouvait du soufre, et qui pour cela était appelé, par les habitants voisins, la soufrière.

Depuis le 10 mai de cette année (1851), la Martinique n’avait pas été secouée par les tremblements de terre ; mais on apprenait par toutes les occasions que la Guadeloupe ne cessait pas de l’être, et vivait dans des craintes continuelles. Si mens non læva fuisset, si la prévoyance humaine n’était très limitée, nous devions donc nous attendre à quelque