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des parents et des amis qui leur survivent. On demeure forcément atterré et anéanti en présence d’une semblable calamité, et on vient même parfois à se demander si l’on n’est pas le jouet de quelque affreux cauchemar ? Mais non : la réalité s’affirme implacable et terrifiante !


I


Hier, la grande cité commerciale des Antilles françaises était debout et pleine d’animation ; aujourd’hui, elle n’est plus qu’une ruine fumante et un vaste cimetière ! Tout s’est effondré : Cathédrale, églises paroissiales, établissements publics, collèges, pensionnats, hôpitaux, demeures particulières, sans aucune exception ; et tout ce qui respirait est mort, sans que personne ait pu se dérober !

Que s’est-il donc produit, grand Dieu ! et quel est le gigantesque destructeur qui a passé par là, précédé de la terreur et suivi du deuil.

Vous savez N. T. C. F., qu’au-dessus de ce qui était la ville de Saint-Pierre, se dresse, presque égale à notre Soufrière, une haute montagne, aux puissants contreforts, désignée sous le nom de Montagne Pelée, sans doute parce qu’aucune végétation ne s’étage sur ses flancs. Eh bien ! c’est des profondes entrailles de ce monstre bouillonnant que s’est échappé le fléau longtemps prisonnier. On croyait le volcan éteint, car depuis plus de 50 ans il n’avait donné aucun signe d’activité ; mais il préparait sourdement, dans le travail mystérieux de sa force irrésistible et inconsciente, le grand coup qui vient d’éclater.

En effet, après quelques trépidations isolées qui avaient marqué le début de ce mois, après de timides essais qui avaient consisté en détonations plus ou moins bruyantes et en vomissements intermittents qui, malgré de lamentables ravages, avaient partagé la population entre la crainte et l’espoir : l’ardente fournaise s’élargit soudain, le sol chan-