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surtout pour prouver que si on avait laissé les gens libres d’obéir à leur instinct le nombre des victimes ne se chiffrerait point par milliers.

Devant la mort, devant les grandes menaces de la nature il y a un instinct qui avertit les êtres en leur donnant la peur.

Les animaux obéissent à cet instinct et fuient.

Les gens simples écoutent leur peur et veulent fuir.

Les gens trop civilisés méprisent cette peur, ne la comprennent plus et restent.

Il fallait fuir… La nature tout entière le criait. La terre le disait. Elle frémissait au poids des vivants. Elle les secouait. Elle leur mettait dans les jambes un tremblement comme pour les forcer à marcher, à s’en aller, à fuir…

Une institutrice qui arrivait de Saint-Pierre à Fort-de-France le 8 par le bateau de 6 heures du matin, Mlle D…, qui ne pouvait donc rien savoir encore des dernières menaces du volcan, de celles entre 6 et 7, disait à un ami :

« Il va arriver quelque chose… pour sûr… Je suis dans un état… La terre a frémi toute la nuit… On ne pouvait tenir en place… J’ai encore ce frémissement dans les jambes… Je ne pouvais rester… une force m’obligeait à marcher… à m’en aller. »


XXXIX

CONCLUSIONS


En serait-il besoin ?

Est-ce que de toutes ces choses vues, entendues, no-