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« Mais, ce n’est pas le tout. La catastrophe est un fait accompli. On a paré au présent. On a enterré les morts. On a sauvé les survivants. On les nourrit. Il s’agit maintenant de parer à l’avenir. La Martinique a perdu sa métropole commerciale. Il faut lui en donner une autre. Il faut que l’on fasse surgir des flots sur un rivage meilleur une Jérusalem nouvelle ! Oui Monsieur, sur un rivage meilleur. Et c’est ici que j’interviens avec mes idées, mes idées de marin hydrographe.

« Voyons une carte marine. Là, regardez cette côte Ouest de la Martinique, où était Saint-Pierre… impossible, de grandes hauteurs de terres et de grands fonds de mer… Là, voyez, sans fond, une secousse nouvelle. Eh ! eh ! la montagne fume, la montagne est en travail… cela n’est pas une hypothèse invraisemblable… ça peut arriver… et alors, tout file au fond… pas de sécurité pour la Jérusalem nouvelle de ce côté.

— Mais, Fort-de-France ?

— Mauvais, monsieur, mauvais, très mauvais, très dangereux dans la saison des cyclones, les navires n’y sont pas en sûreté, ils doivent prendre le large…

— Et la saison des cyclones dure, amiral ?

— La moitié de l’année, monsieur.

Et, malgré moi, je murmurai « charmante rade et supérieurement choisie pour y dépenser des millions à fin d’en faire un « solide » point d’appui pour nos flottes. »

— Vous dites… reprit l’amiral.

— Rien…

— Donc, vous me suivez, rien à faire à l’ouest de l’île… pas plus au Lamentin qu’à Fort-de-France… toute la rade est militaire… et vouloir dans le même abri, et vous venez de voir quel abri… un port de com-