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Attendez, câblait M. Decrais au malheureux Mouttet.

Le volcan devait attendre. Ce qui importait c’était l’élection, on voterait d’abord, on s’occuperait ensuite des mesures de sécurité publique…

Mais le volcan n’a pas attendu. Le volcan se moquait de l’élection du 11. Le trop-plein de la chaudière souterraine, il devait le vomir. Il l’a vomi le 8. Et ce fut quarante mille morts… C’est quarante mille morts dont l’opinion publique [puisque la loi n’a pas prévu de sanction pénale pour ces sortes de crimes[1]], a le droit de demander compte à S. Exc. M. Albert Decrais.

Bien qu’il soit un homme politique assez vieux, M. Albert Decrais a, je crois, encore une conscience. Eh bien, c’est quarante mille victimes qui pèsent aujourd’hui sur cette conscience…

En attendant que les spectres des quarante mille de Saint-Pierre viennent égayer les derniers moments de M. Albert Decrais, lorsque, à son lit de mort, on ce rapide retour sur leur vie que la camarde laisse aux gens qui agonisent, il reverra tous les malheureux de Saint-Pierre et les autres,

  1. Il y a bien les articles de loi relatifs à l’homicide par imprudence ; mais comme chez nous la responsabilité ministérielle n’est qu’un mythe… on n’y songera point…