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il avait câblé quelques heures après son arrivée un télégramme de 45.000 francs… (Et cela aussi M. Aimé le répète quelques fois par jour…)

Puis ce furent les bateaux de vivres… On dit que le président Roseveld avait mandé là-bas le capitaine du premier bateau chargé en partance pour les Antilles, et qu’il lui avait acheté d’autorité… par réquisition immédiate, Monsieur !… toute sa cargaison… Il y en avait pour un million, Monsieur !… et qu’il lui avait ordonné d’apporter cela à toute vapeur aux sinistrés de la Martinique. Et cela, Monsieur, avait été fait dans la demi-heure qui suivit la réception de la dépêche annonçant la catastrophe… Chez nous, Monsieur, il eut fallu trois commissions pour le moins, dix délibérations et 15 kilogrammes de paperasses… Parlez-moi de l’Amérique… Lorsqu’une chose doit être faite, on la fait sans s’inquiéter des paperasses… Mais en Amérique, Monsieur ! on agit, et puis, après, s’il le faut, on régularise l’action…

Voilà textuellement ce qui se dit maintenant à la Martinique. Et dans le peuple des noirs, on ajoute : « Les Américains savent nourrir leurs citoyens en détresse, c’est leur pain que nous mangeons. Si nous avions attendu la farine de France, nous aurions pu « bouffer » de la cendre… »

Dans celui des blancs, on songe non sans amertume que les Américains savent « tenir le nègre à sa place », que « lorsqu’un gentleman va à l’hôtel, au restaurant, au théâtre, en omnibus, etc…, il n’est pas exposé au contact dégradant du sale nègre ».

Et blancs et noirs admirent les Américains.

Oh ! ce que les Américains ont su dire et faire dire d’eux en apportant leurs secours a été bien dit.