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bres fléchis. Quelques-uns avaient les intestins dehors, et aussi, chez beaucoup, hernie des muscles de la cuisse. La rigidité des organes, pas chez tous. Il m’a semblé aussi que les signes de l’asphyxie, la langue dehors, etc., ne se remarquaient pas nettement chez tous, à cause du feu, peut-être, qui vint après. Beaucoup de cadavres avaient les extrémités rognées ; plus de mains, plus de pieds ; le feu.

« L’attitude de tous les cadavres montre que les habitants de Saint-Pierre ont été surpris par la mort, qu’ils ont été tués instantanément… »


Mais le Dr Saint-Maurice se recueille un instant, recherche en son souvenir et ajoute :

« On pourrait croire cependant que la nature veut toujours infirmer nos jugements, nous rendre pénible la recherche de la vérité, et nous défendre les affirmations générales, car à côté de faits innombrables d’où nous pouvons dégager une loi unique, absolue, la loi qui plaît à notre esprit avide de causes simples, claires, de la cause unique, elle met le fait qui dément les autres, tous les autres, et suffit à plonger notre esprit dans le trouble…

« La loi générale qui ressort de l’observation de deux mille neuf cents et quelques cadavres sur les trois mille qu’on a vus, c’est l’asphyxie ou la sidération, peut-être les deux à la fois, donnant la mort foudroyante, et l’action du feu après. C’est la mort sans lutte… Eh bien, voici contre cette quasi-unanimité de faits ce que j’ai vu.

« J’ai vu, au seuil d’une maison, un cadavre d’homme. Le buste émergeait des décombres. La tête était relevée en arrière. Les mains étaient appuyées des paumes