— Oui. Mais j’ai montré en même temps un carnet de mouvements de fonds.
— Contresigné de la Banque ?
— Mais non, puisque c’était un carnet personnel… Vous le voyez, il y a là une odieuse manœuvre.
— On prétend cependant, monsieur le Sénateur, que pour les autres déposants, on n’a rien voulu entendre, qu’on ne leur donnera rien que sur jugement des tribunaux…
— Les autres déposants… les usiniers n’est-ce pas, nos adversaires, les soldats de M. Clerc… mais ils n’avaient que du passif à la Banque… Ils ne savaient plus où donner de la tête pour renouveler les échéances de leurs dettes… Ils étaient tous endettés… C’est pour cela qu’ils crient si fort aujourd’hui. Il y en a un à qui nous avons donné 3.000 francs pour le paiement de ses ouvriers… Eh bien, j’ai fait une enquête, monsieur, il n’a rien donné à ces malheureux… rien… Il les mange ces 3.000 francs.
Et c’est ces gens-là qui réclament déjà de formidables indemnités. Ils n’avaient plus rien que des dettes. Et ils s’inscrivent pour des pertes énormes, espérant des indemnités proportionnelles…
— Et vous, monsieur le Sénateur, vous dont la maison de commerce était prospère, vous dont les biens ne devaient rien à personne, vous devez avoir fait des pertes incalculables…
— C’est le mot, incalculables.
— Et vous vous êtes inscrit, monsieur le Sénateur…
— Pour un rien. Pour trois millions.