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lui avait immédiatement compté la somme, en or. Pourquoi, disaient les amis de M. Clerc, pourquoi attendre le jugement des tribunaux pour le commun des mortels et s’en passer pour M. le sénateur Knight, en l’espèce un simple commerçant comme les autres ? Pourquoi suspecter la bonne foi des pièces produites par les commerçants X. Y. Z… et pas celle d’un papier présenté par le commerçant Knight ?

Pourquoi deux poids et deux mesures ? Est-ce que dans une démocratie le mandat de sénateur, hors du Luxembourg, et hors session, confère un privilège quelconque à celui qui en est investi ?

Est-ce que dans le négociant on doit reconnaître le sénateur, lui conférer des faveurs qu’on refuse aux autres et, ajoutait-on (car c’est peut-être cela qui, dans ce pays à amour-propre surchauffé, excitait le plus ses ennemis), mettre à sa disposition des navires de guerre, le Suchet, quand il veut arriver sur les ruines de la maison de sa famille avant ses autres parents… etc…

On ne lui pardonnait pas non plus ses tournées électorales du 8 au 11 avec les breaks de l’artillerie.

Et des gens même très peu passionnés trouvaient étrange l’effacement de l’administration devant le sénateur à partir du 11 ; disaient peu régulier que M. Knight à bord des navires de guerre en tournée le long du littoral se fut donné des allures de grand chef ayant sous ses ordres, le gouverneur, la marine, l’armée, en un mot tout…

C’est lui qui réquisitionnait, disait-on…


J’ai fait la traversée de retour avec M. Knight et je lui ai parlé de tout cela en lui disant que, désireux de donner une idée exacte de la mentalité martiniquaise