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« Nous retournons à Fort-de-France terrifiés, angoissés… Nos gens étaient-ils dans la fournaise ?

« En route, nous croisons le Suchet, qui essaie d’approcher de la ville.

« Le 12, je suis allé à Saint-Pierre. Ça ne brûlait plus. J’ai vu les cadavres et les décombres. Un mètre cinquante de décombres et des milliers de cadavres… mes concitoyens… nus, roussis… une brûlure électrique ; mais ça ce n’est pas de ma compétence.

« Ce qui m’a frappé, c’est que dans cette ruine, dans ce chaos de mort et d’épouvante, aux conduites crevées coulait toujours, claire et vive, l’eau de la Goyave… Et j’en ai bu. »


XXII

LE SERVICE DES GENDARMES


Il est de mode, en France, de blaguer les gendarmes. La maréchaussée offre des thèmes faciles pour la verve des rieurs qui ont l’esprit facile. Eh bien ! au cours des tragiques événements de Saint-Pierre, elle vient de prouver une fois de plus que, si elle a des bottes… — vous me dispensez de la suite, n’est-ce pas ? — Ces bottes sont chaussées par de braves gens.

Dès le 8 mai, à 3 heures, un détachement de gendarmes, comprenant le brigadier Marty, les gendarmes Santandréa, Patin, Allard, sous la conduite du capitaine Leroy, s’embarquait à bord du Pouyer-Quertier.

Après avoir stationné devant le Carbet, dont toute la partie Nord brûlait, et dont les habitants venaient d’être embarqués à bord de la drague, le navire essaya