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(Cela est assez étonnant, car l’incinération des cadavres demande beaucoup de calories, par conséquent des bûchers sérieux. Ce qui a servi, je crois, surtout à faire disparaître les cadavres, c’est les cendres de l’éruption du 20.)


« Ma mission, poursuivit M. Cappa, comprend 200 hommes, qui opèrent par équipes de 10. Nous avons employé déjà 180 touques de pétrole… Les vents du Sud nous ont permis de travailler avec méthode. »


Voyez-vous toute l’horreur qui tient dans ces lignes froides ?… Je l’ai vécue cette horreur… une journée, dans la ville écroulée, dans la ville des cadavres…


XXI

ENTRETIEN AVEC M. LAGARRIGUE


Un voyage émouvant.
À bord du « Rubis », le 8 au matin.


M. Lagarrigue, avoué à Saint-Pierre, est, je crois bien, le seul des hommes de robe de cette ville qui existe encore. Il le doit à ce que, le 7, il avait été appelé à Fort-de-France. Il avait l’intention de retourner à Saint-Pierre le 8. Il allait s’embarquer à 8 heures moins 10, sur le Rubis.

Il m’a conté les péripéties de cette traversée qui devait le conduire en vue de la ville embrasée, où périssaient tous les siens, où brûlait sa maison, où s’anéantissait sa fortune :