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épais se dirigent à l’Ouest, et ensevelissent tout de ténèbres jusqu’à la mer.

Jeudi 8. — Dans la nuit du 7 au 8, la pluie a entièrement lavé les champs et la verdure a reparu, on croit à une accalmie, car le bruit du volcan ne se fait plus entendre.

Vers 8 heures, il se fait entendre une détonation horrible, suivie d’un débordement de nuages épais ou de vapeur d’eau. Cela se dirige du Nord au Sud, traverse la coulée qui conduit à Saint-Pierre. Je me précipite chez moi avec ma femme et mes enfants, nous fermons tout. Par une petite ouverture, je regarde venir la mort. Tout me semble fini quand une brise d’Est, vrai vent de cyclone se lève, lutte avec la nue et la repousse en brisant tout. Nous étions sauvés. Je regarde. Saint-Pierre est en flammes. Il ne reste rien, la population a disparu en moins de trente secondes. Le reste de la journée se passe dans un calme plat.

Le 9, nous prenons la détermination de gagner Fort-de-France, nous descendons sur le Carbet, où nous sommes recueillis sur un chaland avec les Manavit, nos voisins de campagne.

Odilon Darsières[1].


XX

ENTRETIEN AVEC M CAPPA, CHEF DE LA MISSION D’INCINÉRATION


M. Cappa est l’architecte municipal de Fort-de-France. Il a été chargé de la recherche et de l’enterrement ou de l’incinération des cadavres. On avait confié d’abord

  1. Propriétaire de l’habitation Chabert au morne des Cadets, vis-à-vis la montagne, à 6 ou 7 kilomètres à vol d’oiseau du cratère.