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Mais, précisément parce que je fais œuvre de reporter, cherchant et disant la vérité, je dois, en même temps que les déclarations de M. Fernand Clerc, tout de suite, publier celles… des autres.

Et l’on conçoit facilement que ces autres ne sont pas du même avis, car ils ont la conscience de l’effroyable responsabilité qui les écrase…

Qu’on y réfléchisse un instant !

Une ville est menacée. Les habitants pourraient fuir. Ils fuiraient si on leur disait que des yeux prudents estiment la situation dangereuse. Mais on ne leur communique pas les avis des yeux prudents. Car on veut que les électeurs restent. Car on veut qu’ils votent… sous trois jours. On croit l’élection gouvernementale assurée. Et le gouvernement a besoin de tous ses sièges. Il escompte sa majorité par unités. Et le chef de la colonie transformé en agent électoral a des ordres pressants, impératifs… Il faut. Il faut… sinon c’est la disgrâce… Et alors on multiplie les encouragements à rester. On publie les avis rassurants. On exhorte. On donne l’exemple… Et c’est quarante mille morts !

Ah ! Monsieur Decrais, comme à votre place, la nuit j’aurais peur des spectres de ces quarante mille…


La version du gouvernement.


Je devrais écrire : les versions, car il y eut deux versions successives chez les gens du gouvernement.

Tout d’abord quand on parla des avis pessimistes envoyés de Saint-Pierre d’une dépêche Landes, etc., etc., on nia.

Tout simplement.