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« Comme il y avait une partie faible latérale, amorcée à l’échancrure de l’étang sec dont je vous ai parlé, sous la forte pression cette partie céda et les boues lourdes coulèrent le long de la montagne.

« Elles dévastèrent la vallée de la Rivière-Blanche, emportèrent l’usine Guérin dans les conditions que vous savez. Mais, du coup, la cheminée était ramonée, dégagée. Je n’ai plus vu couler de boue. Je n’ai vu qu’une éruption constante de cendres et de pouzzolanes.

« Cette éruption augmenta continuellement d’intensité. Il fallait être aveugle pour ne pas voir le danger qui menaçait. Moi, j’ai installé ma famille sur les hauteurs, pour la mettre à l’abri… »


Déclarations de M. Clerc sur les responsabilités du gouvernement.


L’entretien, on le voit, devenait intéressant.

Je l’ai poursuivi, interrogeant :

« — Alors vous redoutiez ce qui est arrivé ?

« — Je vous en prie, ne me faites point dire ce que je ne dis point, ce que je ne pourrais dire… Ce qui est arrivé, c’est tellement invraisemblable, fou, tellement en dehors de toutes les prévisions humaines, tellement nouveau que personne n’aurait été capable de l’imaginer, par conséquent de le redouter… Il y avait à craindre autre chose, non une catastrophe comme celle de l’usine Guérin, puisque la montagne était vidée de ses boues, mais un tremblement de terre. Notre pays est un pays à tremblements de terre, il ne faut pas l’oublier et, étant donnée l’activité du volcan si près de