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les actes de tous les êtres vivants, se joignent et le rendent plus violent, plus féroce, les haines de race, les préjugés de couleur… toujours vivaces.

Et vous aurez une idée de l’île, et vous comprendrez pourquoi l’on s’y bat même sur des cercueils ; pourquoi le lendemain de la catastrophe les premières distributions de secours étaient faites comme des distributions de monnaie électorale ; pourquoi, tandis que des communes du Nord angoissées par la peur, coupées de toute fuite du côté de la terre, clamaient au secours on s’occupait surtout de faire l’élection du 11 dans le Sud… Et vous comprendrez l’état de guerre intestine où se trouvent les survivants… l’exaspération des blancs, vaincus, décimés, ruinés, la superbe des mulâtres vainqueurs et la placidité des nègres dont beaucoup ne sont pas éloignés de penser que le métier de « sinistré » en vaut un autre.


M. Fernand Clerc, homme du volcan.


Fernand Clerc n’est pas seulement l’homme politique le plus en vue dans le parti des blancs, le leader de l’opposition, etc., etc., la catastrophe a fait de lui l’homme du volcan.

C’est lui qui a « tuyauté » les reporters et les géologues américains, c’est à lui que s’adressent tous ceux qui veulent approcher le monstre…

… Grands dieux ! voilà que j’y viens comme un reporter yankee… pourtant, je m’étais bien juré d’écrire ce volume sans jamais « offrir du monstre » à mes lecteurs ; enfin, ça y est… laissons « monstre »… et, puisque monstre il y a, disons que M. Fernand Clerc est