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MAJOGBÉ.

de ceux qui toujours réclamaient — bien que toujours les premiers à boire chez Elado, — trouvaient audacieuse la prospérité du chef. Quelques autres disaient qu’il était dangereux de profiter de la richesse pour appeler dans la ville des hommes jouissant d’un tel savoir ; que ces jongleurs pourraient jeter des sorts terribles sur les moissons, les bêtes et les gens. Des femmes émerveillées interrogeaient en grand secret quelques-uns de ces Tacpas et leur demandaient des médecines pour enfanter heureusement.

Une seule chose d’eux fit plaisir aux gens d’Elado, sans blesser personne. Ces étrangers ne buvaient point de gin. Ils se contentaient d’eau et de miel. Comme le vieux Fuluani, d’ailleurs, ils expliquaient ainsi leur pouvoir mystérieux.

Le soir du troisième jour qui terminait la fête, on alluma des bûchers, des torches et des lampes dans les cours ; les tam-tam battirent, et jusqu’à l’aube, tous les hommes, toutes les femmes dansèrent, chantèrent, mangèrent et burent avec une grande gaieté.

Lorsque Majogbé dansa, beaucoup de vierges le regardèrent avec amour, et aussi des femmes, car il était beau.