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MAJOGBÉ.

vérité que vos féticheurs ne savent pas, que Fuluani ne sait pas non plus. Viens ; tu seras heureux de les apprendre aussi.

À l’extrémité de l’île, au delà des maisons des marchands, les deux hommes allèrent dans une grande case, dans le temple où s’enseignait la « vraie vérité ».

Majoghé y rencontra beaucoup de noirs avec leurs femmes et leurs enfants. Il regarda curieusement au fond de la case des choses brillantes avec des dorures et des lumières. Un homme blanc, vêtu d’une longue robe, chantait avec des enfants noirs des paroles que Majogbé ne comprenait point. Il faisait aussi des gestes comme Fuluani, quand ce dernier priait.

Puis l’homme blanc parla en yorouba. Et Majogbé comprit ce qu’il disait. Adamou lui soufflait tout bas à l’oreille :

— Tu entends. Celui-là aime les noirs. Il a appris notre langage, afin de nous dire le bien.

Le Père, un missionnaire, dont la figure maigre, entourée de barbe et de cheveux blonds, brillait de l’éclat fiévreux des yeux, ne ressemblait pas aux blancs vus dans les factoreries où Majogbé avait traité ses achats. IL y avait en lui comme un parfum qui se serait vu et que le jeune noir cher-