enchante, le geste qui endort, lorsqu’ils veulent trahir.
— Je comprends.
Il ne répondit que cela. Et cependant les paroles d’Adamou avaient remué tout son être. Ce vieux barbier avait en un instant relevé devant ses yeux la case heureuse dans laquelle, honoré, puissant, aimé, se tenait le père. Il avait revu aussi l’horrible scène ; il avait entendu à ses oreilles la voix de la vengeance qui attendait… Mais Adamou pouvait être un espion de Maté ou d’Elado, chargé de le tenter. Et le jeune homme se rappelait cette parole d’un sage : « Ce que tu veux que les autres ignorent, agis toujours comme si tu l’ignorais toi-même. »
— Tu ne veux pas croire que je te parle en ami, en homme qui n’a pas d’intérêt à te tromper, qui est trop vieux pour songer à faire le mal. Je te comprends. Garde tes pensers pour toi seul et tes souvenirs ; je ne te les demanderai plus. Mais rappelletoi ceci : je devais à ton père de la reconnaissance. Il avait été bon pour moi ; je n’ai pu le payer. Je te payerai, toi ; si jamais tu as besoin d’un ami et que je sois à portée de ta voix, tu m’auras. Mes paroles tétonnent ; tu n’entends pas souvent dire de pareilles choses dans la maison d’Elado, cet homme puissant qu’entourent tant d’hommes avides de devenir également puissants. Veux-tu venir avec moi ; je te conduirai là où j’ai appris ces choses de