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MAJOGBÉ.

— Je ne comprends point tes paroles, vieux voyageur. Tu as sans doute laissé ta mémoire sur quelque route, ou bien, au passage d’une rivière, les poissons te l’auront prise. Je ne comprends pas. Je ne sais quelles marqués tu lis sur ma figure. Je suis de la maison d’Elado, le grand chef. C’est lui que j’appelle père. Je n’en connais point d’autre. Si tu es curieux d’en savoir plus, interroge le chef… Mais je puis te dire qu’il n’aime pas les vieux trop curieux, et en cela, tu dois me croire, car je suis son fils et son ekep.

Cette réponse fut tout de suite rapportée à Elado par des espions qui écoutaient. Elle lui causa de la joie. Le soir même, tandis qu’il buvait le pitou avec ses courtisans, il fit appeler Majogbé.

— Je veux, pour la fête des sacrifices de mes ancêtres, beaucoup de poudre, lui dit-il, et beaucoup d’eau-de-vie. Je te confierai le soin d’aller vendre mes amandes et mon huile à Eko, dans les maisons des blancs. Tu seras content de faire ce voyage pour moi.