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on, depuis quelque temps, un certain malaise ; et ce pourrait bien avoir été là une des causes des séjours prolongés qu’il fait depuis quelques années en France. Cet homme, entouré d’une si grande vénération pendant quelque temps, doit pourtant voir que les objections faites à sa doctrine, et la manière dont il y a répondu, ont fait pâlir son auréole. La plupart de ses admirateurs avouent qu’il est allé trop loin, que plusieurs de ses idées sont insoutenables et qu’après tout, c’est un homme qui a ses erreurs et ses faiblesses. Pourra-t-il supporter longtemps le désenchantement des siens ? C’est bien douteux ; et nous ne serions pas surpris de le voir un beau jour, fidèle à ses mœurs vagabondes, abandonner au hasard la marche[1] de ses disciples vaudois, comme il doit avoir déjà abandonné en Angleterre les catholiques même, qu’il avait gagnés à ses vues.

Peut-on donc espérer, se demandent sans-doute ici nos lecteurs, que le plymouthisme prenne sitôt fin dans le canton de Vaud ? Ceci est une autre question, à laquelle nous répondrons qu’il n’arrive guère qu’une maladie s’arrête au milieu de son cours. Peut-être ne faudra-t-il rien moins que de vrais scandales, pour ouvrir les yeux des adhérents de M. Darby sur leurs imprudences et pour mettre fin à leur égarement. Ce que nous affirmons, c’est qu’il n’est pas d’excès qu’on ne puisse attendre d’un radicalisme religieux ennemi de tout ordre, et de tendances qui, plaçant sur le premier plan la gloire du Sauveur et des siens, peuvent faire oublier Jésus crucifié, dont la contemplation, source de repentir, nous sanctifie en nous humiliant. C’est par un égarement tout semblable que

  1. Marche est un terme consacré par Darby lui-même. Voyez Le ministère, p. 47.