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On ne peut assister à cette polémique, sans être d’abord frappé de la tournure personnelle que Darby cherche à lui donner. « La brochure que j’ai en vue, dit-il, me fait un peu l’effet de l’écrit de quelqu’un qui n’est pas habitué à discuter d’égal à égal, mais plutôt à ce qu’on reçoive ce qu’il dit comme chose décidée. » Cette brochure de Darby est, en général, d’un ton peu charitable, que le mot d’amour fraternel, semé ça et là, ne fait que rendre plus odieux ; et Rochat pouvait bien se plaindre, comme il l’a fait, du langage aigre-doux de cette haine masquée de charité. Avec non moins de justesse d’esprit, il proteste contre le principe d’herméneutique darbyste, qu’il ne faut pas expliquer un passage de la Bible par un autre : C’est précisément là, soutient-il, ce qu’il faut faire ; c’est la seule bonne méthode d’interprétation ; et sans cette erreur de prendre un passage isolé pour fondement d’un système, il n’aurait pas surgi tant d’insoutenables théologies. Mais c’est surtout dans l’argumentation proprement dite, que Darby trahit son infériorité. On le comprend. Tout dissident qu’il est, Rochat peut encore être fort contre un autre dissident. Pour défendre son congrégationalisme, il ne fait qu’appliquer à chaque portion locale de l’Église le principe de l’unité spirituelle de l’Église. C’est même de cette idée qu’il part pour attaquer le plymouthisme, en disant qu’exposer comme l’a fait Darby, la doctrine d’une unité sociétaire de la primitive église, c’est nier, implicitement du moins, l’unité spirituelle. Or Darby prétend effectivement que non-seulement l’unité extérieure, mais aussi l’intérieure, la véritable unité de l’Église, a disparu avec le lien de l’autorité apostolique ; mais il laisse entrevoir la perspective d’un rétablissement de celle-ci. Quoi qu’il en soit, l’unité sociétaire rend solidaires les unes des autres les portions de l’Église, en sorte qu’il suf-