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où l’Évangile est annoncé de toutes les chaires avec tant de fidélité, soit tellement accessible à diverses tendances séparatistes ? Faut-il rechercher l’explication de ce phénomène dans le penchant pour la recherche des nouveautés (Act. XVII, 21), ou dans l’esprit de coterie, ou bien dans la composition même de la population d’une ville qui est le rendez-vous d’une foule de gens complétement étrangers les uns aux autres ? Seraient-ils peut-être, par défaut de lien intime qui puisse les unit étroitement entre eux, d’autant plus disposés à se séparer les uns des autres pour des causes assez légères ? C’est là une question sur laquelle il vaudrait bien la peine de porter une sérieuse attention.

Comme M. Darby voyageait beaucoup, il fallut souvent le remplacer auprès de son auditoire de Lausanne ; et c’est alors que les anciens pasteurs des dissidents, à qui semblait appartenir une telle fonction, durent sentir leur déchéance. On n’envisageait plus leur qualité d’ecclésiastiques que comme une prééminence mondaine et charnelle, qu’ils s’étaient jadis arrogée, mais dont ils s’étaient dès lors démis tacitement pour rentrer dans l’humble condition de simples fidèles. Pour les remplacer et pour donner plus de développement à son œuvre, Darby fonda chez lui une espèce de petite académie, où quelques élèves, entretenus la plupart à ses frais et à ceux de ses amis anglais et vaudois, étaient initiés par lui-même à sa manière d’entendre l’Écriture. Ces élèves devinrent bientôt dans les réunions autant d’orateurs divers, et dès lors c’en fut fait de toute espèce d’unité dans la tenue du culte. Pour activer le nivellement ecclésiastique, on fit disparaître jusqu’à la petite table sur estrade qui tenait lieu de chaire aux anciens prédicateurs ; et un jour qu’un de ceux-ci s’était avisé de faire remettre le pauvre meuble en place : « À quoi