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l’Église avec l’État, l’empreinte des dispositions particulières que ses adhérents y apportent. Tantôt elle s’appuie sur des tendances politiques radicales, tantôt elle s’allie à des tendances entièrement conservatrices. Chez les incrédules elle sert la cause de l’incrédulité ; chez les croyants elle s’unit aux inspirations du zèle le plus pur pour la maison du Seigneur. Ce qu’il importe de constater, c’est qu’elle peut s’allier par sa nature même et qu’elle s’allie en effet assez souvent et assez facilement à des tendances sectaires. Il est même des amis de la séparation qui nous feraient, hélas ! cet aveu. C’est pourquoi on les voit se donner tant de peine pour ralentir l’ardeur quelque peu immodérée de ceux qui partagent le plus leurs opinions.

Retournons maintenant à notre sujet. C’est surtout la dissidence vaudoise qui se trouva exposée à l’invasion du darbysme ; car les dissidents ont beau s’efforcer, pour consolider leur organisation, de régulariser la nomination et la vocation de leurs ministres ; il n’en arrive pas moins à ceux-ci de se voir parfois cavalièrement traités par leurs troupeaux. Ce qui, chez les anciens dissidents, devait le plus s’opposer au plymouthisme, c’était la discipline ; mais cette arme, Darby, infidèle sans doute à ses principes, a su l’arracher des mains des dissidents pour les en frapper.

C’est proprement Lausanne qui est la métropole des opinions religieuses de M. Darby et, par conséquent, de toute la secte des frères de Plymouth sur le continent, cette ville est en effet, depuis cinq ans, le séjour favori et principal du chef de tout ce mouvement. C’est là qu’il a fait sur l’église nationale le plus de conquêtes et jusqu’à celle d’un ministre. C’est à Lausanne enfin que s’est fait avec le plus de suite l’essai pratique du nouveau système. Comment se fait-il qu’une ville,