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Ceci, Darby ne le dit sans doute pas expressément, tout comme il ne dit nulle part que l’économie soit déjà retranchée : elle est, dit-il, déchue, entièrement déchue, dans un état de ruine, mais non pas fermée ni retranchée. Mais si la maison, le temple de Dieu, est ruiné, s’il s’est écroulé, s’il ne forme plus qu’un amas de ruines, il est tout aussi peu habitable que si ces débris épars qui couvrent au loin la terre, étaient retranchés et mis de côté, surtout quand on se rappelle qu’il est défendu aux chrétiens de rassembler ces débris et d’en faire un nouveau temple. Il est d’autant plus difficile de distinguer du retranchement proprement dit le sort que Darby assigne à l’économie actuelle, qu’on le voit aller jusqu’à prétendre que le petit nombre des âmes sauvées (qu’il réduit à quelques séparatistes persécutés), ne saurait entrer en ligne de compte pour nous faire croire au maintien de l’économie actuelle. Ainsi, tout ce qu’on serait tenté d’envisager comme produit par elle, tout ce que, au bout de dix-huit siècles, il y a encore de bon dans la chrétienté, ne subsiste nullement à la faveur de la grâce accordée primitivement à l’économie de la nouvelle alliance ; qu’on se garde de le croire : elle est depuis longtemps ruinée. — Et comment donc subsiste ce peu de bien ? Par un effet de la grâce, agissant sur les âmes d’une manière toute libre, toute directe et absolument indépendante de l’Église, de l’économie ruinée, déchue. Ce sont là les élus, amenés à la foi, pour ainsi dire, sans aucune intervention humaine, sans aucune intervention de l’Église, et malgré l’Église, qui n’aurait pu que les entraîner dans sa propre ruine. Car ils ne sont arrivés au salut qu’en se détachant de l’Église. Pour ce qui est de l’Église elle-même, on voit, d’un