Page:Herzog - Les Frères de Plymouth et John Darby, leur doctrine et leur histoire.djvu/38

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ner à penser que Dieu se laisse surmonter par le mal, et que parfois ses plans échouent : c’est surtout méconnaître la belle unité des révélations graduelles de Dieu, qui nous fait voir l’ancienne économie entrer, spiritualisée, dans la nouvelle, de manière qu’il ne tombe pas un seul iota de la Loi. L’infidélité de l’ancien peuple de l’alliance fut l’occasion prochaine, mais non pas la cause unique de la révélation chrétienne. Et cette révélation ouvre, il est vrai, une économie nouvelle, mais cette nouvelle économie, pour le dire encore une fois, continue spirituellement la première. Darby ne nie point, nous le pensons, la vérité de toutes ces considérations, mais il n’en tient pas compte.

Voici maintenant comment il cherche à prouver que l’infidélité du peuple juif devait avoir l’immense portée qu’il lui attribue. Le peuple en masse avait été placé sous la responsabilité de l’observation de la Loi ; le peuple en masse pécha ; et avec lui tomba l’économie. Toutefois, le salut individuel des âmes demeurées fidèles ne s’en trouve point compromis : elles peuvent encore être sauvées ; mais on ne nous dit pas par quelle économie elles peuvent l’être. Et si nous reconnaissons, comme le fait M. Darby lui-même, que le peuple d’Israël est tombé en révolte dès ses premiers commencements en adorant le veau d’or, comment pourrons-nous penser que la chute du peuple entraînât immédiatement celle de l’économie ? Car enfin, l’économie ne tomba point immédiatement, et les derniers même des prophètes n’en avaient pas encore vu la fin, puisqu’ils l’annonçaient comme future. Le pressentiment qu’ils en donnèrent, les sublimes passages dans lesquels ils prédirent en termes si solennels et si consolants la fin prochaine de l’ancienne économie, ne seraient-ils