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tuées)[1], et se sent poussé, comme par une nécessité, à les refondre, si ce n’est même à les bouleverser. Quant à Darby, ce n’est pas seulement aux églises du continent qu’il en veut, mais à toutes les églises constituées ; il les renverserait, s’il pouvait, aussi bien en Angleterre que partout ailleurs.

Mais quelles sont enfin, dira-t-on, les idées théologiques qui ont conduit cet homme à son étrange projet ? Qu’est-ce que c’est proprement que la doctrine religieuse des frères de Plymouth ou plutôt le système de Darby ? Il est temps, en effet, de l’exposer. Nous allons pour cela présenter ici en résumé le contenu des brochures ci-dessus indiquées.

Pour prendre son point de départ, Darby ne se contente pas de remonter à celui de l’ère chrétienne : il recule jusqu’aux temps de l’ancienne alliance, et sa manière d’entendre celle-ci accuse déjà l’erreur qui domine tout son système. Il part de l’idée que l’économie de l’ancienne alliance n’a pris fin que par suite de l’infidélité du peuple d’Israël. C’est cette infidélité qu’il appelle apostasie, rébellion ou révolte : il l’appelle même la révolte de l’économie judaïque, comme si l’économie même avait péché ou pouvait pécher. Parler ainsi d’une institution divine qui, après tout, n’est pas une personne mais une chose, c’était prendre Vaugirard pour Rome, et les adversaires de Darby n’ont pas manqué de signaler cette grosse méprise. Qu’on ne nous dise pas qu’ici l’erreur est surtout dans la notion d’une économie qui péche : elle est dans l’idée même d’économie ruinée, et ruinée par un fait humain. Assigner à la première alliance cette fin-là, c’est don-

  1. Paroles prononcées par le primat de l’Angleterre, l’archevêque de Cantorbéry, lors de la fondation de l’évêché de Jérusalem.