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Par sa manière de présenter l’Évangile, Darby trouvait souvent l’occasion de ramener sa maxime favorite, que les chrétiens ne doivent pas jouir à moitié de leurs privilèges d’enfants de Dieu. Il attaqua avec zèle, comme n’étant qu’une invention du Diable, le goût littéraire des classes influentes de la société de Lausanne : en quoi il perdait bien sa peine, car ses auditeurs étaient les gens du monde les moins exposés aux dangers de ce genre de culture intellectuelle. — Il prit pendant quelque temps pour thème favori les types du Lévitique. Privé de toutes les connaissances qui sont nécessaires pour comprendre la symbolique de l’Ancien Testament, il se complut dans une typologie passablement exagérée, qui ne peut pas laisser passer le plus petit détail de l’économie mosaïque, sans lui faire une guirlande de spéculations dogmatiques et de réflexions édifiantes[1]. Plus les allusions étaient recherchées, plus elles convenaient au faux goût des auditeurs de Darby et faisaient exalter l’orateur comme un éminent interprète de l’Écriture. En même temps, il se manifestait de plus en plus chez eux un esprit de critique amère et sans charité. On eût vraiment dit qu’on recevait dans ces réunions un permis de médisance.

Tout cela préparait la révolution ecclésiastique projetée par notre habile docteur ; ou plutôt, on ne s’apercevait pas qu’elle était déjà en partie accomplie. Darby s’était en effet placé de son chef à la tête de la congrégation, et s’était mis à exercer les fonctions pastorales, sans songer seulement à justifier la qualité d’ecclésiastique qu’il avait prise, par sa con-

  1. On peut voir un échantillon de cette typologie si goûtée dans la petite brochure qui a pour titre : Les types du Lévitique, etc.