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subsiste, recueillie dans la Jérusalem céleste de l’Apocalypse ; voici, d’autre part, la Jérusalem d’ici-bas, qui se trouve être le siège central du juste règne de Dieu sur la terre, la résidence d’où il exerce ses jugements. La Jérusalem terrestre est une des manières par lesquelles Dieu se manifeste : on voit le Dieu des Juifs, l’Éternel qui exerce le jugement. C’est là une idée de M. Darby, mais qui n’est pas même bien arrêtée dans son esprit. Se souvenant que le rétablissement du peuple de Dieu doit être, pour le monde, comme une résurrection d’entre les morts, il fait découler de cette même Jérusalem terrestre, habitée par les Juifs, la félicité de la terre entière, et transforme ainsi, tout à coup, la résidence du redoutable Juge en une source de gratuités divines. Ce dernier caractère appartient pourtant en propre à l’autre Jérusalem, d’après les explications les plus habituelles et les plus formelles de Darby lui-même ; que dis-je ? C’est à ce trait qu’il reconnaît la Jérusalem céleste et qu’il la distingue de la Jérusalem d’ici-bas ; là coulent les eaux d’immortalité, là croît l’arbre de vie, dont les feuilles salutaires opèrent la guérison des peuples. La Jérusalem céleste est la manifestation du Dieu de la grâce, du Dieu de la nouvelle alliance, du Dieu des chrétiens, de ce Dieu qu’on appelle Père céleste par opposition au redoutable Jéhovah des Juifs. On voit ici un vain effort pour concilier les anciennes prophéties avec l’Apocalypse ; la raison qui fait échouer cet essai de réconciliation est facile à trouver : Darby prend les prophéties au pied de la lettre ; il ne discerne pas le fond de la forme temporaire, nationale, symbolique qu’elles revêtent dans l’esprit des prophètes ; il oublie le principe posé par l’apôtre St.-Pierre, 2e épître I, 20. Mais ce parallèle des deux Sion tient étroitement à l’ensemble des vues de Darby sur