Page:Hervilly - Aux femmes, 1881.djvu/10

Cette page a été validée par deux contributeurs.
7
AUX FEMMES.

Ils diront que pour guide, en ce cercle infernal,
Au lieu du doux Virgile, ils eurent Juvénal.

AU PUBLIC.

Pour moi, c’est le poète, — ô chaste jeune fille,
Ô fraîche fiancée, ô mère de famille !
Pour moi, c’est le poète ornant vos blancs autels
De ses plus pures fleurs, de bleuets immortels,
De roses et de lis, guirlandes non fanées ;
C’est celui qui berça, pendant soixante années,
Le cœur endolori des femmes ; c’est l’ami
Qui pleure avec l’épouse un enfant endormi
Pour jamais ; c’est la voix qui, tout bas, à la mère
Parle d’un revenant qui rendra moins amère
L’existence future, et fait luire l’espoir,
C’est lui que je salue, ô Maître, en toi, ce soir.

Oui, Femmes ! de la haine abattant la statue,
Hugo dit : oublions ! à celui qui dit : tue !
Il s’écrie, — arrachant aux rires des chasseurs
La victime frappée au milieu de ses sœurs,
Qui palpite en ses mains, pauvre et triste colombe :
« Oh ! n’insultez jamais une femme qui tombe ! »

Indulgence, bonté, pitié, douceur, amour !
Ce n’est qu’avec cela que la nuit devient jour,