Page:Hervé le Poitevin - Essai d'une école chrétienne, 1724.pdf/322

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sont instruits beaucoup plutôt que lorsque l’on commence par le Latin : en effet comme les enfans sont accoutumés à parler la langue Françoise, qui leur est naturelle, ils l’entendent, ils la lisent plus aisément, & il la prononce mieux, que le Latin, qui est à leur égard une langue étrangere, & qui leur est inconnue. Si donc on se conduit par la raison, & non par la coutume, il est indubitable qu’il faut toujours commencer à apprendre à lire aux enfans par le François & non par le Latin.

Une troisiéme raison, c’est qu’on est convaincu par l’expérience que quand les enfans sçavent lire le François ils peuvent aisément lire le Latin ; mais quand ils ne sçavent lire que le Latin, ils ne peuvent pas lire le François. Ainsi la lecture du Latin ne peut être une disposition pour lire le François ; mais la lecture du François peut être une disposition pour lire le Latin.