— Père, dit Trishnâ, nous sommes belles, et nous savons les moyens de charmer.
— Nous irons vers cet homme, continua Arati ; nous l’enchaînerons des chaînes de l’amour, et nous te l’amènerons humble et lâche. »
Elles allèrent vers le Bouddha. Elles chantaient :
« Le printemps est venu, ami ; c’est la plus belle des saisons. Les arbres sont en fleurs ; il faut nous réjouir. Tes yeux sont beaux ; il s’en échappe une lumière gracieuse ; tu as les signes souverains de la puissance. Regarde-nous : nous sommes faites pour donner le bonheur et la joie aux hommes comme aux Dieux. Lève-toi ; viens à nous, ami ; jouis de la claire jeunesse ; chasse de ta raison les austères pensées. Vois nos chevelures légères ; les fleurs en parfument la soie ; vois nos grands yeux où dort la douceur de l’amour ; vois nos lèvres chaudes, pareilles aux fruits qu’a mûris le soleil ; vois nos seins fermes qui se dressent fièrement. Nous glissons ainsi que les cygnes ; nous chantons d’aimables chansons, et nous savons danser des danses qui enivrent. Ami, ne nous dédaigne pas ; qui rejette un trésor est fou ; regarde-nous, seigneur, nous sommes tes esclaves. »
Mais le Bienheureux fut insensible à la chanson ; il lança aux chanteuses un regard sévère,