épée du fourreau. Tous mes sujets s’enfuirent avec horreur. D’immenses ténèbres s’étendirent autour de moi, et j’entendis ma demeure qui s’écroulait. »
Sârthavâha reprit :
« Père, il est triste d’être vaincu dans la bataille. Si tu as vu de pareils signes, patiente, et ne cours pas à une honteuse défaite. »
Mais Mâra, à se voir entouré de troupes nombreuses, avait retrouvé quelque courage. Il dit à son fils :
« Pour l’homme énergique, l’issue de la bataille ne peut être qu’heureuse. Je suis brave, vous êtes braves, nous vaincrons. Comment cet homme serait-il si fort ? Il est seul. Je marcherai contre lui avec une grande armée, et c’est au pied même de l’arbre que je le frapperai.
— Le nombre ne fait pas la force d’une armée, dit Sârthavâha. Un seul héros, si la sagesse fait sa puissance, peut vaincre une troupe innombrable. Le soleil suffit à rendre obscurs tous les vers luisants. »
Mâra n’écoutait plus son fils. Il ordonnait que l’armée se mit promptement en marche ; et cependant Sârthavâha pensait :
« Celui qui est fou d’orgueil, nul ne peut le guérir. »
L’armée de Mâra était terrible à regarder. Elle était toute hérissée de piques, de flèches et