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Pendant six ans, le héros resta au bord de la rivière. Il méditait. Il ne s’abritait ni du vent, ni du soleil, ni de la pluie ; il se laissait piquer par les taons, les moustiques et les serpents. Les jeunes hommes et les jeunes filles qui passaient, les pâtres et les bûcherons lui jetaient parfois de la poussière ou de la boue et lui criaient des railleries : il ne s’en apercevait pas. Il mangeait à peine : un fruit, quelques grains de riz ou de sésame suffisaient à sa nourriture. Et il devint très maigre. Ses côtes et ses vertèbres étaient saillantes. Mais, sous son front desséché, ses yeux agrandis brillaient comme des étoiles.

Pourtant, la vraie science ne se manifestait pas à lui. Et il pensa qu’il devenait très faible, et que, si toutes ses forces s’épuisaient, il n’arriverait point au terme qu’il s’était prescrit. Aussi résolut-il de se mieux nourrir désormais.

Près du lieu où méditait Siddhârtha était un village nommé Ourouvilva. Le chef de ce village avait dix filles ; elles admiraient le héros et elles lui apportaient en aumônes des graines et des fruits. D’ordinaire, il y touchait à peine. Or, un jour, les jeunes filles remarquèrent qu’il avait mangé tout ce qu’elles avaient offert. Le lendemain, elles vinrent avec un grand plat, plein de bouillie de riz ; il le vida. Le jour suivant, chacune apporta un mets différent ; le héros mangea