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Siddhârtha se tut encore un instant. Puis, d’une voix très grave, il parla :

« Il faut nous séparer, Chanda. L’heure vient toujours où les êtres les plus unis doivent s’éloigner les uns des autres. Si, par affection, je renonçais à quitter les miens, la mort viendrait nous séparer malgré nous. Que suis-je aujourd’hui pour ma mère ? Qu’est-elle pour moi ? Les oiseaux qui, la nuit, dorment sur un même arbre, se dispersent quand vient l’aurore ; les nuages du ciel qu’un souffle a rassemblés, un autre souffle les sépare. Je ne puis plus vivre dans ce monde qui n’est qu’un songe. Il faut nous séparer, ami. Dis au peuple de Kapilavastou qu’il n’a pas de reproches à me faire, dis-lui qu’il renonce à m’aimer ; dis-lui encore qu’il me reverra bientôt, vainqueur de la vieillesse et de la mort, à moins que je n’échoue et ne meure, misérablement. »

Kanthaka lui léchait les pieds. Le héros caressa le cheval, et il lui parla comme à un ami :

« Ne pleure pas. Tu as prouvé que tu es un noble animal. Prends patience. Le temps approche où tes peines auront leur récompense. »

Ensuite, il prit des mains de Chandaka une épée à la poignée d’or et de pierreries ; la lame était bien affilée ; d’un seul coup, il trancha sa chevelure. Il la lança dans l’air, et elle rayonna