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Renonce à ton projet. Il est mauvais d’agir sous l’impulsion d’un désir absurde. »

Mais, grave comme le mont Mérou, le prince dit à son père :

« Si tu ne peux me faire les quatre promesses, ne me retiens pas, ô mon père. On ne doit pas arrêter celui qui veut sortir d’une maison en flammes. Un jour vient, fatalement, où l’on se sépare du monde ; mais quel mérite y a-t-il à une séparation involontaire ? Mieux vaut une séparation volontaire. La mort m’emporterait du monde, sans que j’eusse atteint mon but, sans que j’eusse satisfait mes ardeurs. Le monde est une prison : puissé-je délivrer les êtres qui gisent dans la prison du désir ! Le monde est une fosse où errent des ignorants et des aveugles : puissé-je allumer la lampe de la science, puissé-je faire tomber la taie qui cache la lumière de la sagesse ! Le monde a déployé le mauvais étendard, l’étendard de l’orgueil : puissé-je arracher, puissé-je déchirer l’étendard de l’orgueil ! Le monde est agité, le monde est troublé, le monde est une roue de feu : puissé-je, par la bonne loi, donner à tous le repos ! »

Les yeux en larmes, il regagna les salles où riaient et chantaient les compagnes de Gopâ. Il n’eut point de regards pour elles. La nuit tombait. Elles se turent.

Elles s’endormirent. Le prince les regarda.