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et qu’on le reconnût, on devrait le chasser sur-le-champ.

Il était alors près de Çrâvastî, où il espérait que le roi Prasénajit voudrait bien le recevoir ; mais il fut repoussé avec mépris, et reçut l’ordre de quitter le royaume. Il ne réussissait pas à trouver de partisans, et il prit enfin la route de Kapilavastou.

Il entra dans la ville comme le jour tombait. Les rues étaient obscures, presque désertes, et il ne rencontra personne qui le reconnût : comment, d’ailleurs, en le moine chétif et minable qui, d’un pas furtif, glissait le long des murs, eût-on deviné le superbe Devadatta ? Il alla droit au palais où, dans une pieuse solitude, vivait la princesse Gopâ.

Il put s’introduire auprès d’elle.

« Moine, dit Gopâ, que veux-tu de moi ? Serais-tu un messager de bonheur ? M’apporterais-tu les ordres d’un mari que je vénère ?

— Ton mari ! Il ne se soucie guère de toi ! Qu’il te souvienne de l’heure où, méchamment, il t’abandonna !

— Il m’a abandonnée pour le salut du monde.

— Lui garderais-tu ton amour ?

— Mon amour souillerait la sainteté de sa vie.

— N’aie donc pour lui que de la haine.

— Je n’ai pour lui que du respect.

— Femme, venge-toi de son dédain.

— Moine, tais-toi ! Tes paroles sont impures.