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« Le Maître saura que, dans cette demeure, il y a encore une femme pour l’honorer, » pensa Çrîmatî ; et, au péril de sa vie, elle nettoya le temple et elle l’orna d’une guirlande lumineuse.

Ajâtaçatrou aperçut la guirlande ; il fut fort irrité qu’on lui eût désobéi, et il voulut savoir qui en était coupable. Çrîmatî ne se cacha point ; d’elle-même elle comparut devant le roi :

« Pourquoi as-tu bravé mon ordre ? lui demanda Ajâtaçatrou.

— Si j’ai bravé ton ordre, répondit-elle, j’ai respecté celui de ton père, le roi Vimbasâra. »

Ajâtaçatrou n’en entendit pas plus. Blême de colère, il se précipita sur Çrîmatî, et la frappa de son poignard. Elle tomba, mourante ; mais ses yeux brillaient de joie, et, d’une voix heureuse, elle chanta :

« J’ai contemplé celui qui protège les mondes, j’ai contemplé celui qui éclaire les mondes, et pour lui, dans le soir, j’ai allumé les lampes ; pour qui chasse les ténèbres, j’ai chassé les ténèbres. Son éclat est plus grand que l’éclat du soleil ; il lance des rayons plus purs que le soleil, et mes regards ravis s’enivrent de clarté ; pour qui chasse les ténèbres, j’ai chassé les ténèbres. »

Et, morte, elle sembla vêtue d’une lumière sacrée.