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rait-il de l’exaucer ? Jadis, la reine eut pour toi des soins maternels ; elle te fut toujours bonne, elle est digne que tu l’écoutes. Pourquoi ne recevrais-tu pas de femmes dans la communauté ? Il y a des femmes très pieuses qui, par un saint courage, sauraient tenir la route pure.

— Ananda, dit le Maître, ne souhaite pas que les femmes entrent dans la communauté. »

Ananda sortit. La reine l’avait attendu.

« Qu’a dit le Maître ? fit-elle, anxieuse.

— Il repousse ta prière. Mais ne désespère pas. »

Le lendemain, Ananda revit le Bienheureux.

« Mahâprajâpatî n’a point quitté le bois, dit-il. Elle songe au temps fleuri de sa jeunesse. Mâyâ était vivante, elle était belle entre toutes les femmes ; elle allait avoir un fils ; sa sœur, qui était trop noble pour connaître l’envie, aimait déjà l’enfant avant même qu’il fût né. Il naquit pour la joie du monde, et la reine Mâyâ mourut. Mahâprajâpatî fut douce à celui qui restait sans mère ; il semblait frêle encore, elle le protégea des intempéries, elle lui donna des nourrices zélées, elle éloigna de lui les servantes mauvaises, elle lui prodigua les soins et les tendresses. Il grandit et jamais elle ne l’abandonna. Elle prévenait ses moindres désirs, elle l’adorait. Il a atteint la plus heureuse fortune, il est l’arbre géant qui abrite les sages ; elle demande une place, la plus humble,