Page:Herold La Vie du Bouddha.djvu/169

Cette page a été validée par deux contributeurs.

plaisirs se changeront en peines ; la mort est là toujours prête à fondre sur les malheureux qui rient et qui chantent. Le monde n’est que flamme et que fumée. Tout y souffre de la naissance, de la vieillesse et de la mort. Depuis que tu erres misérablement d’existence en existence, tu as versé plus de larmes qu’il n’y a d’eau dans tous les fleuves et dans toutes les mers. Tu as gémi et tu as pleuré de ne pas obtenir ce que tu désirais, tu as gémi et tu as pleuré aussi parce qu’il t’arrivait ce que tu redoutais. La mort d’une mère, la mort d’un père, la mort d’un frère, la mort d’une sœur, la mort d’un fils, la mort d’une fille, combien de fois, au cours des âges, t’ont-elles désolé ? Combien de fois as-tu perdu tes richesses ? Et, chaque fois que te vint une raison de t’affliger, tu as pleuré, tu as pleuré, tu as pleuré, et tu as versé plus de larmes qu’il n’y a d’eau dans tous les fleuves et dans toutes les mers ! »

Nanda avait écouté d’abord d’une oreille distraite le discours du Bouddha, mais, peu à peu, il y était devenu attentif, et, maintenant, il se sentait tout ému. Le Maître lui dit encore :

« Que le monde, à tes yeux, ne vaille pas plus qu’une bulle d’écume, qu’il ne soit qu’un rêve, et tu échapperas aux yeux de la royale mort. »

Il se tut.