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bientôt il épouserait la princesse Soundarikâ, qui était belle et qu’il aimait.

Le Maître jugea que son frère risquait fort de s’égarer dans de mauvais chemins et il alla le trouver.

« Je viens à toi, dit-il, car je sais que tu es dans une joie extrême, et je veux apprendre de toi-même les raisons de ta joie. Parle donc, Nanda, et me découvre ta pensée tout entière.

— Frère, répondit Nanda, je doute que tu me comprennes : tu as dédaigné la puissance royale, et tu as abandonné la tendre Gopâ !

— Tu comptes un jour être roi, et c’est pour cela que tu es joyeux, Nanda !

— Oui. Et je suis joyeux encore parce que j’aime Soundarikâ, et que bientôt j’aurai Soundarikâ pour femme.

— Malheureux ! s’écria le Maître. Comment peux-tu être joyeux, toi que les ténèbres environnent ? Ne voudras-tu point chercher la lumière ? Affranchis-toi d’abord de la joie : de la joie naît la douleur, de la joie aussi naît la crainte. Pour qui ne connaît plus la joie, il n’y a ni douleur ni crainte. Affranchis-toi de l’amour : de l’amour naît la douleur, de l’amour aussi naît la crainte. Pour qui ne connaît plus l’amour, il n’y a ni douleur ni crainte. Si tu recherches le bonheur de la terre, tes actes seront stériles, tes