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ait des yeux très clairs, une main très pure. Mâra cache sous des fleurs des flèches aiguës : que de femmes aiment les fleurs perfides, les fleurs qui leur font des blessures inguérissables ! Les malheureuses ! Elles ne savent pas que le corps est de l’écume légère ; elles s’attachent à ce monde, et le jour vient où les saisit le roi de la mort. Le corps est moins consistant qu’un mirage : qui sait cela brise la flèche fleurie de Mâra, qui sait cela ne verra jamais le roi de la mort. Tel le torrent, grossi par l’orage, emporte le village endormi, telle la mort emporte celle qui va cueillant des fleurs, l’esprit distrait. Cueille des fleurs, ô femme : jouis de leurs couleurs, enivre-toi de leurs parfums : la mort te guette et tu ne seras pas rassasiée encore, que tu seras sienne. Songe à l’abeille : elle va de fleur en fleur, et, sans nuire à aucune, elle emporte le suc dont elle fera le miel. »


XV


Depuis que Siddhârtha s’était retiré du monde, le roi Çouddhodana avait décidé qu’un autre de ses fils, Nanda, lui succéderait dans la royauté. Nanda était joyeux de penser qu’un jour il aurait le pouvoir ; il était joyeux aussi de penser que