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souffrirait plus que de la sienne, et, pour la punir, il ordonna de me couper les mains. Ma mère eut beau supplier et tendre ses mains au supplice, mon père fut inflexible, et on lui obéit. Je souriais et, de me voir sourire, ma mère sourit aussi. Mon père voulut alors qu’on me coupât les pieds. Sa volonté fut faite, je souriais encore. Rugissant de colère, il cria : « Qu’on lui coupe la tête ! »

Ma mère, tremblante, s’humilia à ses genoux :

« Prends ma tête, mais épargne ton fils, ô roi ! » implorait-elle. Le roi cédait, quand je parlai, de ma voix enfantine : « Mère, pour ton salut je donne ma tête ; et, quand je serai mort, qu’on expose mon corps sur une pique : je le donne en pâture aux oiseaux du ciel. » Et, comme le bourreau me saisissait aux cheveux, j’ajoutai : « Puissé-je devenir Bouddha, et délivrer les êtres qui naissent et qui meurent dans les mondes ! » Et voilà, roi Çouddhodana, voilà que je me suis éveillé à la sagesse ; je suis Bouddha, je connais le chemin qui mène à la délivrance ; ne me trouble pas dans mon œuvre. Qu’on se tienne éveillé, qu’on ait l’esprit actif ; qu’on suive le chemin sacré de la vertu ; il dort en paix, celui dont la vie est pieuse, il dort, sur cette terre, et dans les autres mondes ! »

Le roi Çouddhodana sanglotait d’admiration. Et le Bouddha lui dit encore :